L’application jack ou le temps de l’émotion

Mes parents sont morts dans un accident d’avion quand j’avais 3 ans. J’ai toujours été en manque de messages de leur part », raconte Jack Abrams, fondateur belge de l’application Jack. « De façon intime, ma réflexion est là depuis toujours : qu’est-ce que je vais faire avec qui je suis et avec mon histoire ? » Quadra souriant et communicatif, Jack a d’abord planché sur l’idée d’une appli de messages post-mortem, avant de se résoudre à l’évidence : beaucoup de gens ne sont pas prêts à réfléchir aux textes ou photos ou vidéos qu’ils souhaitent laisser à leurs proches après leur mort. L’étape suivante a été de prendre conscience de la façon dont l’instantanéité a transformé nos vies. « Je suis quelqu’un de très émotif vu mon vécu. Et j’ai remarqué que les émotions ont besoin de temps. Je ne juge pas l’instantanéité mais elle tue beaucoup de choses. Retrouvons le plaisir d’attendre. J’ai toujours aimé la sensation qu’on éprouve, enfant, en regardant les cadeaux de Noël déposés au pied du sapin le 10 décembre, tout en sachant qu’on ne pourra les ouvrir que le 25. L’attente amplifie l’envie. »

Avec l’application Jack, on envoie des messages qui sont reçus instantanément mais qui ne peuvent être lus que dans 1 heure ou… 1 siècle, selon la volonté de l’expéditeur. À l’usage, la messagerie nécessite de changer légèrement sa façon de penser. « La seule chose à modifier, c’est de se demander : est-ce que mon message a besoin d’instantanéité ? La réponse est rarement ‘oui’. Par contre, on a besoin de communiquer au bon moment… J’avais envie de dire à des amis de profiter pleinement de leurs vacances, je leur ai envoyé un jack qu’ils n’ont pu ouvrir qu’une fois arrivés sur place. Je suis parti en week-end avec des amis et je leur ai envoyé beaucoup de jacks filmés qu’ils ne pourront lire que dans 2, 3 ou 5 ans… L’émotion sera très différente avec le délai. Je me filme beaucoup avec mon fils et ma fille, on se fait des jacks pour dans 3, 5 ou 10 ans. On est plus dans l’émotion primaire de mon idée de départ : je ne sais pas ce qui peut m’arriver d’ici-là mais cela fera de toute façon des souvenirs à mes enfants. »

Depuis le lancement belge de l’appli en octobre dernier, quelque 20.000 utilisateurs de 10 à 75 ans se sont déjà envoyé environ 120.000 jacks, munis dans 8% des cas de la fonction ‘autodestruction après une seule vue’. Une nouvelle version est en train d’être peaufinée pour permettre de ‘suivre’ des artistes,  sportifs ou autres comme sur Instagram et permettre à ceux-ci de communiquer de façon différente avec leurs fans.

www.jack45.com

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