Pannes de désir au masculin

par Armand Lequeux

Naguère encore, se plaindre d’une insuffisance de libido semblait être une prérogative féminine puisque les hommes, eux, étaient censés avoir toujours envie. Or voici que cette souffrance s’exprime aujourd’hui au masculin, aussi bien dans les témoignages en ligne que dans les cabinets médicaux et sexologiques.

L’origine de ce trouble sexuel est éminemment variable et souvent multifactorielle avec de fréquents cercles vicieux entre causes et conséquences qu’il importe de décoder au mieux. La simple mise en contexte d’une insuffisance de désir sexuel peut d’ailleurs s’avérer thérapeutique : une souffrance entendue et partagée qui prend sens est déjà moins pénible à vivre !

Seraient-ce mes hormones ? Un manque de testostérone ? L’andropause ? Ces propositions sont fréquentes, mais correspondent en fait rarement à la réalité clinique. En ce qui concerne les androgènes, les hommes ressemblent vraiment à Obélix tombé dans la marmite à potion magique : de la testostérone, sauf exception, ils en ont bien assez ! S’ils consultent un médecin, celui-ci demandera cependant un dosage des hormones testiculaires ainsi qu’une recherche de troubles thyroïdiens ou de diabète, etc. Par ailleurs, toutes les maladies chroniques invalidantes sont potentiellement capables de provoquer une baisse de libido, comme si l’organisme comprenait qu’il a intérêt à mettre en dormance sa fonction reproductive. Il en est de même dans les états dépressifs où l’inhibition sexuelle liée à la maladie peut encore être majorée par l’effet sédatif des médicaments. C’est ainsi que les antidépresseurs de la famille du Prozac, largement consommés dans notre pays, peuvent provoquer une distanciation du patient avec ses émotions et sa pulsion sexuelle. Il vaut mieux le savoir et accepter si nécessaire cette inhibition de façon temporaire en aidant sans doute la partenaire à l’accepter elle aussi.

Parlons-en de la partenaire ! Elle se sent évidemment le plus souvent concernée, voire responsable, face à un manque de désir sexuel masculin. Elle peut souffrir de se sentir moins désirée, le dire avec plus ou moins de vigueur et de ressentiment ou se taire et laisser se plomber l’ambiance de plus en plus. Il est évidemment possible qu’il désire ailleurs, mais ce n’est pas la configuration la plus fréquente. Quelles que soient les causes de cette inhibition, il faut en parler, mettre à plat, dialoguer et éventuellement se faire aider dans une consultation conjugale et/ou sexologique. Que signifie le désir sexuel pour elle ? Et pour lui ? Quel lien entre d’une part le climat relationnel, la bienveillance et la tendresse et d’autre part l’envie ou pas de faire l’amour ?

Chez les hommes jeunes, il est une cause particulière d’insuffisance de désir sexuel pour la partenaire. L’addiction à la masturbation assistée par la pornographie peut conduire certains à ne plus orienter leur pulsion sexuelle que vers une compulsion répétition en boucles qui consomme toute l’énergie libidinale. Dans d’autres cas, c’est une dysfonction sexuelle mal vécue qui va entraîner une inhibition du désir. C’est ainsi que les éjaculations précoces systématiques ou les pannes érectiles à répétition peuvent provoquer une réaction d’évitement phobique du scénario catastrophe. L’humiliation est alors si grande que celui qui la subit préfère se déclarer sans désir plutôt que reconnaître son handicap. Ce n’est pourtant que dans l’ouverture, le dialogue et la confiance que ces hommes et ces couples en souffrance pourront trouver la force de traverser ces épreuves sans perdre pied.

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