Ceci n’est pas le cinéma belge

Retransmise en direct sur la Deux ce samedi 2 février à 20 h, la cérémonie des Magritte du Cinéma célèbre le 7e art à la belge et contribue à combler le fossé entre les films d’auteurs et le grand public dans le plat pays.

Par Isabelle Blandiaux – (c) Emmanuel Laurent

Pourquoi les Belges francophones ont-ils besoin de voir leurs artistes réussir en France ou ailleurs à l’étranger pour pouvoir ensuite les aimer, les ‘reconnaître’ ? Une fierté rentrée ? Un manque de confiance ? Et si le phénomène était en train de s’inverser ? Le cinéma belge a le vent en poupe. Et parmi les films nominés pour ces Magritte du Cinéma version 2019, soit la 9e édition de cette surréaliste descente des marches sur tapis bleu, figurent quelques phénomènes de box-office. Ainsi Girl de Lukas Dhont, bouleversante histoire de Lara qui rêve de devenir danseuse étoile mais qui est née dans le corps d’un garçon. Le film d’auteur, déjà largement primé (Caméra d’or, Prix d’interprétation catégorie ‘Un Certain Regard’, Queer Palm et Prix Fipresci à Cannes) et succès public en Belgique comme en France, concourt avec 9 nominations. Tout comme Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens qui a attiré nombre de spectateurs dans les salles obscures. Nos Batailles de Guillaume Senez, avec Romain Duris et la Belge Lucie Debay, a également conquis le public et la critique : il décroche pas moins de 7 nominations. Succès de foule dans les salles, Mon ket, 1er film de François Damiens réalisateur, ne part pour sa part qu’avec 3 nominations dont celle du meilleur acteur pour l’inénarrable François L’Embrouille ressuscité pour cette fiction qui utilise des caméras cachées. À épingler aussi, du côté des documentaires, Ni juge ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant, qui a fait 75.000 entrées et est nominé aux César.

Détentrice de 3 Magritte de la meilleure actrice (pour À perdre la raison en 2013, Pas son genre en 2015 et Chez nous en 2018), Émilie Dequenne témoigne : « Les compétitions de ce genre ont tendance à me déranger, l’industrie du cinéma étant déjà une industrie pas facile, si en plus on en fait une compétition, où allons-nous ? Cependant, je pense qu’il était temps que le cinéma belge succombe au jeu… Allez, ce n’est qu’un jeu. On dira ça. Et je suis chanceuse. J’ai joué trois fois, j’ai gagné à chaque coup ! Lucky me. Qu’est-ce que ça a changé pour moi, les Magritte ? Pas grand-chose… Mais mes parents ont carrément changé leur déco : ils ont fait réaliser un meuble par un ébéniste ! Une jolie vitrine afin d’exposer fièrement mes récompenses ! Et puis, si, j’avoue, ça fait un petit quelque chose quand même… Il est bon pour un acteur de se savoir désiré et aimé, mais si en plus on le lui déclare publiquement… C’est bon pour le moral (et l’ego), c’est très encourageant ! »

Cette année, le système de vote a été un peu adapté. En plus des 850 professionnels membres de l’Académie André Delvaux organisatrice, 100 cinéphiles ont voix au chapitre.
Outre les 21 Magritte décernés au cours de la cérémonie, un Magritte d’Honneur est attribué à une personnalité du cinéma, ayant un lien fort avec le cinéma belge, afin de saluer l’ensemble de sa carrière. Cette année, c’est à Raoul Servais, réalisateur pionnier du cinéma d’animation mondial, qu’il sera remis. Et la soirée présentée par l’humoriste et animateur Alex Vizorek, sera présidée par Vincent Patar et Stéphane Aubier (notre photo), duo surréaliste de l’animation, papas des irrésistibles Cowboy et Indien.

Cérémonie en direct sur la Deux ce samedi 2 février à 20 h.
Infos : www.lesmagritteducinema.com

LES NOMINATIONS PRINCIPALES

MEILLEUR FILM

Bitter flowers d’Olivier Meys,
Laissez bronzer les cadavres de Hélène Cattet et Bruno Forzani
Mon ket de François Damiens
Nos batailles de Guillaume Senez
Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens

MEILLEUR PREMIER FILM

Bitter flowers d’Olivier Meys
La part sauvage de Guérin Van de Vorst
Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens
Une part d’ombre de Samuel Tilman

MEILLEURE RÉALISATION

Bitter flowers : Olivier Meys
Laissez bronzer les cadavres : Hélène Cattet, Bruno Forzani
Nos batailles : Guillaume Senez
Tueurs : François Troukens, Jean-François Hensgens

MEILLEUR FILM FLAMAND

Girl de Lukas Dhont
Ne tirez pas (Niet schieten) de Stijn Coninx
Patser d’Adil El Arbi et Bilall Fallah
Un ange de Koen Mortier

MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL OU ADAPTATION

Bitter flowers : Maarten Loix, Olivier Meys
Bye bye Germany : Sam Garbarski
Girl : Lukas Dhont, Angelo Tijssens
Nos batailles : Guillaume Senez

MEILLEURE ACTRICE

I feel good : Yolande Moreau (rôle: Monique Pora)
Mademoiselle de Joncquière : Cécile de France (rôle : Madame de La Pommeraye)
Tueurs : Lubna Azabal (rôle : Lucie Tesla)
Une part d’ombre : Natacha Régnier (rôle : Julie)

MEILLEUR ACTEUR

Au poste ! : Benoit Poelvoorde (rôle : Buron)
Girl : Victor Polster (rôle : Lara)
Mon ket : François Damiens (rôle : Danny Versavel)
Tueurs : Olivier Gourmet (rôle : Frank Valken)

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE

Bye bye Germany : Tania Garbarski (rôle : Frau Sonia)
La part sauvage : Salomé Richard (rôle : Lucie)
Nos batailles : Lucie Debay (rôle : Laura)
Une part d’ombre : Erika Sainte (rôle : Maud)

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE

Girl : Arieh Worthalter (rôle : Mathias)
Laissez bronzer les cadavres : Pierre Nisse
(rôle : Le jeune)
Tueurs : Bouli Lanners (rôle : Dany Bouvy)
Une part d’ombre : Yoann Blanc (rôle : Fabian)

MEILLEUR ESPOIR FEMININ

C’est tout pour moi : Nawell Madani (rôle : Lila)
Les garçons sauvages : Anaël Snoek (rôle : Tanguy)
Nos batailles : Lena Girard Voss (rôle : Rose)
Tueurs : Bérénice Baoo (rôle : Nora)
Une part d’ombre : Myriem Akheddiou (rôle : Cathy)

MEILLEUR ESPOIR MASCULIN

L’échange des princesses : Thomas Mustin (rôle : Duc de Condé)
Mon ket : Matteo Salamone (rôle : Sullivan)
Nos batailles : Basile Grunberger (rôle : Elliott)
Une part d’ombre : Baptiste Lalieu (rôle : Noël)

MEILLEUR DOCUMENTAIRE

Des cowboys et des Indiens, le cinéma de Patar et Aubier de Fabrice du Welz
La grand-messe de Méryl Fortunat-Rossi et Valéry Rosier
Manu d’Emmanuelle Bonmariage
Mitra de Jorge León
Ni juge ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant

Thérapie génique : un changement de vie attendu depuis longtemps par les patients hémophiles

Parmi les films nominés pour ces Magritte du Cinéma version 2019, soit la 9e édition de cette surréaliste descente des marches sur tapis bleu, figurent quelques phénomènes de box-office.