La Triennale de Brugge réinvente la ville flamande

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©  Photo Amanda Browder - Happy Coincidences, Triënnale Brugge 2021 © Stad Brugge - Matthias Desmet

Pendant plus de 5 mois, la troisième édition de la Triennale de Bruges transforme la ville flamande et ses canaux au rythme d’un parcours artistique et architectural. L’occasion de (re)découvrir la Venise du Nord sous un tout nouvel œil.

Du 8 mai au 24 octobre 2021, Bruges fait honneur à l’art et l’architecture contemporains au cœur de ses rues pleine de charme. À l’occasion de la troisième édition de la Triennale de Bruges, parcours artistique organisé tous les trois ans, 13 artistes et architectes – dont 3 Belges – présentent des nouvelles installations temporaires dans le cœur historique de la ville du patrimoine mondial, misant sur sa diversité et son dynamisme. Le thème de cette année ? « TraumA », pour une nouvelle édition qui change l’orientation de l’espace public, vers certaines dimensions cachées de la ville et de ses habitants.

Point de départ de l’événement, l’exposition collective à la Loge des Bourgeois (Poortesloge) vient complété la Triennale, en présentant une quarantaine de sculptures, photos, dessins, tableaux et vidéos d’artistes belges et internationaux. “Aux espaces publics et privés qui étaient le sujet des éditions précédentes et auxquels les interventions artistiques ont conféré une signification nouvelle, TraumA ajoute une dimension supplémentaire : la dimension de l’espace perçu, où le présent et le passé, le rêve et le cauchemar revendiquent la subjectivation de l’expérience individuelle de la ville et tablent sur la vision de Bruges-la-Morte comme ville symboliste avant la lettre pour remettre en question l’image de Bruges”, souligne l’équipe curatoriale.

Des oeuvres fascinantes

Parmi les artistes présents lors de cette édition, focus sur le travail du Belge Hans Op de Beeck, originaire de Turnhout. Souhaitant stimuler les sens du spectateur et l’inviter à une expérience authentique, l’artiste présente « Danse Macabre », un carrousel grandeur nature (1:1), statique, silencieux et monumental, dressé dans l’environnement brugeois. Dans ce manège où le temps est suspendu, le mécanisme est arrêté, comme si toute gaieté en avait été effacée. L’attraction de fête foraine surgit comme une apparition monolithique, une image spectrale, un fossile muet et distordu, en quête d’un équilibre entre rêve et cauchemar. L’œuvre interagit de façon surprenante avec la façade baroque, complexe et décorative, de l’église Sainte-Walburge. Comme l’église, le carrousel est figé, sans plus aucune raison d’être. L’installation est à la fois tragique et réconfortante, étrange et mélancolique. Attention, elle ne sera visible qu’à partir du 10 juin, la livraison de ses pièces ayant eu du retard à cause de la pandémie.

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Danse Macabre © Hans Op de Beeck

Autre artiste belge à participer cette année : Gijs Van Vaerenbergh, collectif formé par Pieterjan Gijs et Arnout Van Vaerenbergh, originaires de Leuven. Avec leur installation « Colonnade », un pavillon constitué d’une série de colonnes entrecroisées, formant un espace labyrinthique où les visiteurs peuvent s’égarer, le collectif propose une idée de labyrinthe, comme quelque chose de tourné vers l’intérieur, une expérience physique intensément personnelle à chaque visiteur. C’est un espace où les indices ne manquent pas, mais où le sens de l’orientation disparaît. Le visiteur s’enfonce toujours plus profondément dans une forêt de colonnes, passant de la lumière à l’obscurité, jusqu’à ce qu’il ressorte de l’autre côté…

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Gijs Van Vaerenbergh – Colonnade © Triennale Bruges 2021 – Matthias Desmet

Mais l’installation qui attire tous les regards, c’est sans aucun doute Strangler, d’Héctor Zamora. L’artiste mexicain expose dans le jardin clos de la maison de Gezelle, une intervention autour d’un grand arbre isolé, un pin noir d’Autriche. Lors de sa première visite à cet endroit, il a remarqué cet arbre spécifique, qui lui rappelait le ‘ceibo’ (une essence tropicale), dans la forêt amazonienne. Cet arbre sacré est entouré de plantes grimpantes, mais leur étreinte n’est pas sans conséquence : peu à peu, elles absorbent l’énergie de leur hôte et, tandis qu’il meurt, elles peuvent continuer à vivre. Héctor Zamora a imaginé d’imiter cet enveloppement naturel par une intervention humaine, à savoir un échafaudage. Le pin brugeois lui permet de concrétiser ce concept, en créant un mouvement inverse : là où la plante grimpante naturelle étouffe littéralement l’arbre tropical, l’échafaudage industriel relie harmonieusement l’être humain et la nature. Les visiteurs peuvent voir les échafaudages colorés s’élever et atteindre le sommet en mouvements circulaires. Par cette intervention, l’artiste fait d’un objet à première vue agressif un événement poétique, ouvrant sur un vaste environnement depuis le sommet de l’arbre.

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Héctor Zamora – Strangler © Triënnale Brugge 2021 – Matthias Desmet

La Triennale, un atout pour parcourir la ville de Brugge

Si la Triennale s’empare de la ville de Bruges en 2021, cette dernière ne se limite évidemment pas à cet événement incontournable. Au-delà du circuit touristique, la Venise du Nord constitue le point de chute idéal pour voyager cette saison, tandis que les séjours à l’étranger sont toujours menacés.

Partir à la rencontre du street art dans les ruelles

Il y a de l’art à profusion dans les musées brugeois, mais ce ne sont pas les seuls endroits qui font le bonheur des amateurs d’art : les ruelles de Bruges font de plus en plus office de toile pour les artistes de street art. Au détour de la Hauwersstraat, on trouve une fresque d’un mètre de haut représentant Marie de Bourgogne, tandis que quatre Fous de Bruges sont peints sur un mur de la Kapucijnenplein. Le street art ne se limite d’ailleurs pas à la peinture, puisqu’une sculpture sur bois orne la façade latérale de ‘t Santpoortje.

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Strook – Portrait L IV 17 © Matthias Desmet

Admirer l’incontournable temple de la culture

Fans de culture et d’architecture ? Rendez-vous au Concertgebouw. Ce temple de la culture est une ode à 2002, l’année où Bruges fut Capitale européenne de la culture. Ce bâtiment figure en outre sur la liste des « 1 001 bâtiments qu’il faut avoir vus avant de mourir ». Il s’agit d’une référence sur le plan de l’acoustique et de l’architecture de haut niveau, et il abrite une collection d’art contemporain d’artistes tels que Dirk Braeckman et Carl de Keyzer. Le plus ? La possibilité de découvrir ce chef-d’œuvre architectural à travers le Circuit Concertgebouw, un parcours interactif mêlant art et architecture permettant aux adultes et aux enfants de découvrir tous les secret du lieu. Avec comme cadeau de fin de parcours, la vue spectuculaire sur la ville.

Entre la Tirennale, et le riche patrimoine culturel de la ville, 2021 est sans aucun doute l’année où l’art et la culture se consomment à Bruges !

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec la ville de Bruges.

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