Cinéaste iranienne, Sepideh Farsi délivre par le témoignage direct d’une habitante de Gaza, animée par le désir de vivre dans un contexte d’une dureté inimaginable, un récit humain, lumineux et tragique.   

Monté sous la forme d’authentiques conversations en visio échangées entre la réalisatrice et la très touchante photographe Fatma Hassona entre avril et novembre 2024, ce film dont le titre emprunte à l’un des poèmes de la jeune femme tuée dans le bombardement de sa maison peu avant la présentation du documentaire à Cannes en 2025, se fonde sur ce que Sepideh Farsi qualifie de rencontre miraculeuse : « elle est devenue mes yeux à Gaza, où elle résistait en documentant la guerre, et moi, je suis devenue un lien entre elle et le reste du monde, depuis sa « prison de Gaza » comme elle le disait. Nous avons maintenu cette ligne de vie pendant presque un an. Les bouts de pixels et de sons que l’on a échangés sont devenus le film que vous voyez ». 

Sepideh documente, par le biais de Fatma qui lui transmettait son quotidien, la survie à Gaza et la réalité des Palestiniens : « j’ai filmé, saisissant les instants que nous offraient nos appels vidéo, ce que Fatma m’offrait, pleine de fougue, d’énergie. J’ai filmé ses rires et ses larmes, son espoir et sa dépression. J’ai suivi mon instinct. Sans savoir à l’avance où nous mèneraient ces images. C’est la beauté du cinéma. La beauté de la vie ». Présentée à Fatma par des relations communes, l’idée de faire un film à distance a très vite germé dans l’esprit de Sepideh : « décisif pour le film, l’impératif d’un témoignage, d’un cinéma d’urgence, qui dépasse les obstacles physiques. Il fallait tout garder. Je n’ai pas su d’emblée que ces images de conversations visio seraient le cœur du film ». 200 jours de discussions et de connexions les plus humaines qui soient, « pour raconter la guerre, la violence extrême infligée à tous les habitants de Gaza, mais donner aussi accès à la vie personnelle de Fatma, à sa famille, à son travail avec les enfants. Je ne voulais surtout pas la réduire à sa seule situation géopolitique, au seul fait qu’elle était une Palestinienne sous les bombes à Gaza, mais laisser de la place à cette jeune femme si pleine de créativité, et à sa présence si magnétique, pour montrer tous les aspects de son être. Elle était la plus éduquée et la plus active de sa famille. C’est elle qui la faisait vivre, grâce à la vente de ses photos, depuis que son père, qui était chauffeur de taxi, ne pouvait plus travailler. Être photographe était ce qui lui importait le plus, mais elle écrivait aussi, et elle chantait, j’ai essayé de conserver les traces de toutes ses facettes. » Fatma continue de témoigner par ses images, gravées pour l’éternité dans la trame d’un récit bouleversant.

Sortie le 24 septembre en salles partout en Belgique. Plus d’informations sur cinenews.be

Exposition gratuite au cinéma Les Galeries au -1, tous les jours de 13h à 21h00.

Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Imagine Film Distribution.